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21 novembre 2010

Notre besoin de consolation, par la Compagnie Les Cambrioleurs

NotreBesoinDeConsolation

Une scénographie qui donne le vertige, comme donnent le vertige les questions explorées dans ce spectacle où tout fusionne : danse, théâtre, vidéo, sculpture, musique, lumière, ombres, vie, mort, naissance, éternité, informatique, écran, battements du cœur, souffle… Et ce spectacle est cohérent, nous ne relâchons pas une seconde notre attention.

La science pourrait-elle rassasier notre besoin de consolation ?

Voilà la question résumée.

Un texte de Stig Dagerman (Notre besoin de consolation est impossible à rassasier), percutant, sert donc de point d’appui à la réflexion menée sur la bioéthique. Un texte où il affirme : « Je peux même m’affranchir du pouvoir de la mort. Il est vrai que je ne peux me libérer de l’idée que la mort marche sur mes talons et encore moins nier sa réalité. »

Le jeune auteur suédois qui s’est suicidé peu de temps après avoir écrit ce texte connaissait-il les recherches entreprises en vue du clonage, par exemple ? C’est le point de départ. Le désir d’une mère éprouvée par le suicide de sa fille et qui demande que celle-ci soit clonée, refaite à l’identique… Le spectacle de Julie Bérès va mêler documentaire et fiction et nous surprendre. Rit-on d’un propos sur les mères porteuses moins chères en Inde qu’en Amérique ? Les images d’un film réalisé par la metteuse en scène en Inde rappellent que ce « marché » existe. Le marché du vivant, le marché de l’humain. Imaginer que la génétique permette à terme une sélection eugéniste fait froid dans le dos. Pourtant des chercheurs, des sociétés y travaillent (« il y a bien une sélection à l’embauche par la graphologie, pourquoi pas par l’ADN ? »). En moins d’une heure et quart, nous abordons tous les angles de la problématique, et, pour conclure, nous remontons dans le temps de la pensée occidentale. Pour aboutir à Platon où on peut lire qu’il faut protéger et éduquer les enfants de l’élite et ignorer les enfants des classes inférieures…

Ces questions de la bioéthique ne sont donc pas des lubies du XXIe siècle et Jean-François Peyret les a déjà abordées à sa manière à la fin des années 1990. Julie Bérès a d’ailleurs travaillé avec lui en 1999 (pour la pièce Turing Machine). Les textes du Traité des Passions et de Un Faust, Histoire naturelle abordaient ces mêmes rivages : le théâtre est donc bien un lieu qui convient à cette réflexion. S’appuyant sur les témoignages transmis par les media, sur les enquêtes qu’elle mène elle-même, les lectures d’œuvres scientifiques et philosophiques, un travail de l’image remarquable d’invention et d’intelligence, Julie Bérès poursuit et relance le questionnement.

La reproduction humaine peut-elle se passer de rapport sexuel ? Peut-on imaginer choisir les qualités physiques et morales d’un enfant à venir ? L’immortalité est-elle réalisable ? souhaitable ? Que vaudrait la vie s’il n’y avait la mort ?

Ce spectacle était présenté du 9 au 13 novembre au Théâtre des Abbesses à Paris et sera visible le 30 novembre à St Nazaire.

Commentaires
B
Nos enfants et petits enfants sont le prolongement de notre propre vie !
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